Ce qui m'a fait penser aux métiers disparus

Pour revenir sur la généalogie, j imagine que ces recherches ont plusieurs intérêts dont la découverte de ces racines bien sûr mais aussi faire de l histoire (en se plongeant dans la sienne en plus) et redécouvrir les moeurs des différentes époques donc un peu un voyage dans le temps qui doit être également émouvant puisque ces gens là sont de ta famille, un travail d enquêteur aussi avec le suspens jusqu'où vais je pouvoir remonter. Bref une sacrée expérience, dis nous en peu plus sur tout cela (si ce n est pas trop perso of course) est ce que Julien est intéressé ou est il encore trop jeune pour avoir envie de regarder en arrière ?

Difficile à expliquer, sans doute aussi parce que je n'y ai pas réfléchi sérieusement. Je n'arrive pas à clairement identifier la raison qui nous pousse à faire ce genre de recherches, j'ai lu que c'était très franco-français.
Est-ce un besoin de se raccrocher à quelque chose de concret, à certaines valeurs "ancestrales" ou est-ce tout simplement un culte de la personnalité, un excès d'ego ? Il doit y avoir des deux. Je crois aussi que j'ai commencé à chercher pour attirer l'attention de mon père, lui faire plaisir, quand j'avais environ 25 ans. Ca n'a pas vraiment marché, il s'en foutait (hahaha !).
Mais après, je me suis prise au jeu et malgré des décennies d'interruption, l'addiction est toujours présente.

Car oui, tu as donné le bon mot, celui de l'enquête, c'est exactement ça, et trouver ENFIN celui ou celle que l'on cherchait pour remonter une génération relève parfois de la traque et représente une grande satisfaction.
Il y a des pièges que l'on découvre au fil des recherches, par exemple, j'ai trouvé deux femmes dont le nom de famille a changé dans le temps. Je cherchais X et soudain elle s'appelait Y, du nom de jeune fille de sa mère ! J'ai mis un moment à me rendre compte de ces variations.

Il y a aussi pas mal de gens qui ne sont jamais nés alors qu'ils se sont mariés et sont morts ! Oui, beaucoup d'actes non enregistrés. Est-ce que ça vient du fait que les naissances n'étaient carrément pas déclarées, non, je ne pense pas car naissance signifiait baptême immédiat et que les gens craignaient trop de ne pas placer leur enfant sous la protection de Dieu. Non, plutôt un manque de sérieux de la part du clergé qui oubliait ou avait la flemme d'enregistrer.

D'ailleurs, à propos du clergé, j'ai eu des moments de colère sourde parce qu'il est très clair à travers les enregistrements que les curés et autres vicaires faisaient des différences entre pauvres et petits bourgeois ou nobles. Pour ces derniers on lit "le Sieur", "Damoiselle", "Maître charpentier", "Apothicaire de la ville", etc... Et pour les pauvres l'enregistrement est bâclé, mal écrit, sans précision...
A ces moments-là j'avais envie de traverser le temps pour aller prévenir mes ancêtres et leur dire "ne vous laissez pas faire bordel" !! Mais bon, souvent je me consolais en regardant les dates et en me disant que bientôt, 1789 serait là !!
En fait, c'est à partir de ces années là (1790/1800) que l'on voit les choses évoluer : les gens commencent à bouger, à changer de village, sans doute à mieux vivre, certains pauvres se hissent petit à petit vers la propriété, certains auront un bout de terre et leur propre maison (plutôt masure mais bon). D'autres ont un emploi plus stable, disons, une meilleure garantie, ils étaient journaliers, dépendant du travail qu'on voulait bien leur donner, et deviennent métayers, ayant du travail tous les jours. Cela devait faire une nette différence.

A propos de l'Histoire on constate aussi un nombre immense de décès d'enfants mais également de décès en masse, adultes compris, et en cherchant on constate que ces périodes-là correspondaient à de grandes famines.
Et puis, l'écriture, l'orthographe : il n'y avait pas de règles avant 1640 (grosso modo), ils écrivaient Johan pour Jean, veufve ou veuvee pour veuve, mil sis cans diz uit pour 1618, abitan pour habitant, etc, etc... Et il ne détachaient pas les mots, on pouvait avoir par ex "L'an mil sis cans dizuit & le vintieme du moy de xbre estné et aete batize johan estrade filsa pierre mere anne pradinaz abitants delaville parin aete autre johan estrade dubour (pour du bourg) mareine elyzabet vergne deladite psse (paroisse) lequels ont declare nesavoir signer". Tout ça sans accents, sans ponctuation et dans une écriture illisible ! Bonjour l'angoisse !!
Et puis, les choses changent progressivement et c'est alors que l'on se pose la question du pourquoi et que l'on découvre que l'Académie Française est née, et que des règles sont désormais établies, rendant les textes un peu plus lisibles.
Amusant non ?

Bref, j'aurais plein d'autres choses à raconter, à l'occasion je vous enverrai des photos des lieux, qui font bien flipper, même aujourd'hui !!

Julien a regardé mais ne semble pas passionné. Il s'est marré avec les prénoms du côté de son père : Maximilien Napoléon par exemple, hahaha ! Mais c'est à peu près tout.

Super intéressant, merci !
Pour Julien je suppose que tu voulais parler de ton père, ou alors tu as aussi fait celui de JM ?

Non non, JM a débuté le sien mais seulement du côté de son père et donc, en Normandie.

Ah ok, c est pas mal quand même. Et du coup, vos recherches vous ont amené à vous déplacer sur les lieux où on vécu vos ancêtres ou cela n est pas nécessaire, si ce n est que l on doit du coup avoir envie d y aller faire un tour ?

Pas forcément besoin de se déplacer, sauf si l'on doit chercher après 1900/1920 (ça dépend des départements) car les registres ne sont pas publiés sur internet pour cause de confidentialité.
En Corrèze on connaît certains endroits déjà visités... et lugubres.
En Normandie non mais ça commence à démanger JM : son grand père, douanier, est mort noyé dans le port du Havre, ivre ! Finalement Rabelais a tort, l'alcool tue ! Mais Le Havre a été en grand partie détruit lors des bombardements de la seconde guerre mondiale et le quartier où logeaient ses anciens ainsi que la caserne de la douane ont disparu.
Même chose du côté de ma mère qui a vécu à Asnières, la maison et son petit jardin ont été rasés pour faire place à des immeubles de logements et le bras de Seine passant devant est désormais recouvert par une voie sur berge. Le progrès !