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Ven 22 Sep - 21:27
La question se pose éternellement de savoir s’il faut conserver le passé ou l’écraser par le présent, la modernité.

Que serait Bordeaux avec son Palais Gallien, ses Piliers de Tutelle, ses enceintes de l’an 300, du XIIème siècle puis de 1302 et leurs fossés dont certains en eau, son Palais de l’Ombrière, son Château Trompette, etc, etc…

Et ses anciennes rues.

La question se pose éternellement de savoir s’il faut rebaptiser une rue, une avenue, un boulevard, pour faire place nette à nos grands hommes (bien moins souvent des femmes) quitte à effacer la topographie, le patronyme des habitants, les hommages à la royauté ou la présence de corporations qui ont marqué ces lieux.

Heureusement, Bordeaux, comme d’autres grandes villes, a pu garder quelques noms de rues suscitant l’imagination, éveillant l’intérêt, appelant le souvenir, voire, générant la recherche de ce passé enfui et enfoui.

En fouillant le Net on trouve quelques documents intéressants sur le sujet mais ils sont assez peu nombreux.

En guise de mise en bouche, voici quelques éléments piochés çà et là, que j’ai trouvés intéressants, étonnants, émouvants ou amusants.
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Ven 22 Sep - 21:35

Voici, grosso modo, l’enceinte de l’an 300 de Burdigala.

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Ven 22 Sep - 21:36
Rue des Remparts, rue de la Vieille Tour, rue de la Devise


Si l’on regarde le côté du haut de ce rectangle, qui se situe très près et parallèlement à l’enceinte de 1302, on voit qu’il correspond à la rue des Remparts (tiens donc) et la rue de la Vieille Tour qui s’appelait la rue du Canon sous Louis XVI.

Ce sont là deux témoignages de la présence des anciens remparts romains puis Moyenâgeux, qui sont restés jusqu’à nos jours à travers le nom des rues.

La rue des Remparts a pris son nom au XVIIIème siècle et se nommait auparavant Les Remparts des Teigneux. Quoi de plus parlant ?

Un peu après la moitié de cette rue, en descendant vers la cathédrale, on croise la Devèze venant de Mérignac et plus précisément de l’aéroport. Celle-ci coule vers le fleuve en décrivant une légère boucle et l’on repère son tracé qui s’aligne sur la rue de la Devise.

A noter que sur un plan datant de 1450 et un autre de sous Louis XVI, la rivière se nomme la Devise et non pas la Devèze.
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Ven 22 Sep - 21:37
On dirait que la Devèze a forcé la courbe des deux rues parallèles qui l'encadrent.
Amusant, bien que peut-être totalement erroné.
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Sam 23 Sep - 20:37
[size=16]Les origines du plan de la ville
[/size]

Les villes romaines étaient irriguées par deux voies principales, le cardo maximus, axe nord-sud principal et le decumanus, axe est-ouest.
Les autres rues suivaient des tracés parallèles, formant ainsi un quadrillage.

En regardant le plan du centre historique de Bordeaux on voit nettement ce découpage sur une partie du tissu urbain.
Le cardo maximus c’est la rue Sainte-Catherine et il existait à l’origine deux decumanus, le principal étant la rue Porte-Dijeaux prolongée par la rue Saint-Remi et le second étant constitué de l’enfilade des rues Montbazon, des Trois-Conils, Saint-Siméon et Maucoudinat.

Mais il faut imaginer, à l’époque primitive, une ville romaine ouverte, ce qu’était Bordeaux à ses origines, avant que plusieurs invasions conduisent à l’édification du premier mur d’enceinte, peu avant l’an 300 de notre ère.
Ainsi, on comprend mieux le rôle de ces voies qui amorçaient plusieurs « chemins » desservant Mérignac, Saint-Médard, le Médoc, Toulouse, Dax…

Additif ou correctif du 30/07/17 :
Selon d’autres sources, le decumanus principal se serait trouvé à l’emplacement des cours de l’Intendance et du Chapeau Rouge et aurait été détruit lors du pillage de la ville par les Germains en 276.
Comme dans toutes les villes romaines, l’intersection du cardo maximus et du decumanus matérialisait le forum qui se serait alors situé sur l’actuelle place de la Comédie.

Dès lors que le mur est bâti pour protéger la ville, il faut ouvrir des portes.
Contrairement à d’autres, certains historiens pensent que seules trois portes terrestres, et une fluviale existaient alors :
- Deux sur le cardo (rue Sainte Catherine), du côté du grand théâtre et à l’autre extrémité ;
- Une sur le decumanus, la porte Dijeaux, desservant prioritairement le quartier de Saint-Seurin.

Cette théorie est appuyée par l’existence de ce qui est considéré comme des voies intérieures à la ville, sortes de rocades situées à proximité du rempart et le longeant, permettant de rejoindre ces portes :
- Rue des Bahutiers prolongée par la rue des Faussets à l’Est c’est-à-dire côté Garonne, desservant le port intérieur et donc la porte fluviale ;
- Rues du Loup, du Cerf Volant et du Palais de l’Ombrière au Sud ;
- Rue de Ruat à l’Ouest.
La voie Nord étant déjà existante et suffisamment proche du mur (decumanus Porte-Dijeaux + Saint-Rémi).

Lorsque l’on regarde le plan de l’enceinte et que l’on repère ces rues on trouve leur implantation parfaitement cohérente avec la lecture de ces historiens.

Voici donc un autre élément très intéressant pour la compréhension de la ville.
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Sam 23 Sep - 20:41
En synthèse, un plan faisant apparaître la structure urbaine précédemment exposée.
Auquel, après recherches, j'ai ajouté l'emplacement du port intérieur romain, installé sur les rives de la Devèze et remontant très loin à l'intérieur de la ville, jusqu'à la rue des Piliers de Tutelle.
A noter qu'à cette époque, la rive gauche de la Garonne se trouvait beaucoup plus proche de la ville qu'aujourd'hui.

Histoire des rues de Bordeaux Plan_310

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Sam 23 Sep - 20:42
Les critères d’implantation des premiers villages devenus ensuite des bourgs ou des villes sont généralement les mêmes.
D’abord la présence de l’eau, ensuite la topographie des lieux, à l’abri des crues et sur des terres cultivables c’est-à-dire saines.

Ces critères expliquent l’installation de la Burdigala romaine, dont on rappelle qu’elle n’était pas ville fermée, à la fois à proximité de la Devèze et du Peugue, et sur les « hauteurs » que sont le Puy Paulin culminant à 12 mètres et le Mont Judaïque d’une altitude vertigineuse de 15 mètres !
Mais aussi sur des terres cultivables un peu plus éloignées du forum représentant le centre de la ville romaine (pour Burdigala, la place de la Comédie est avancée comme étant ce forum).

On imagine alors une ville peu bâtie, à faible densité de population et assez étendue, au vu de l’emplacement de ses arènes (Palais Gallien), de ses bains publics dont certains plans les situent vers Saint-Seurin et de son temple des Piliers de Tutelle s’élevant au niveau du Grand Théâtre (proche du forum ?) sur d’anciens marais drainés par les romains.

L’édification de la première enceinte de l’an 300 exclut et délaisse ces édifices pour concentrer la population à l’abri de ses murs.

On possède peu ou pas d’éléments pour savoir ce qu’il est advenu de Bordeaux durant les périodes troublées qui suivent, perturbées par les diverses invasions et épidémies décimant la population.
Toujours est-il que lorsque les XIIe et XIIIe siècles connaissent deux essors démographiques et économiques successifs, l’enceinte du IVe siècle ne suffit plus, dès le premier boum, à contenir ses habitants.

Attirée par la ville, la population des paroisses rurales extérieures s’implante naturellement au pied et à l’extérieur des remparts et aux abords des chemins par lesquels elle est arrivée, mais on se plie toujours aux contraintes du territoire, ce qui fait que le nord (côté grand théâtre) ne se peuple quasiment pas en raison de la proximité de palus (marais), réapparus depuis l’an 300 faute d’entretien.

L’ouest est également épargné, le bourg de Saint Seurin se suffisant à lui-même et prospérant indépendamment.

En revanche, c’est le sud qui est touché par cette concentration de populations arrivées par les chemins des Landes et de Toulouse.

Ainsi seront édifiées en premier lieu la seconde enceinte du XIIe siècle qui s’étend exclusivement au sud puis celle, beaucoup plus vaste, de 1302.

Histoire des rues de Bordeaux 130210
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Sam 23 Sep - 20:51
La seconde enceinte – XIIème siècle

Son périmètre est bordé par la rue de la Porte Basse à l’ouest, le cours Alsace Lorraine (qui n’existait pas), c’est-à-dire le mur de l’an 300 au nord, et le futur cours Victor Hugo au sud, qui n’est autre que le fossé du nouveau rempart.

Il est étonnant de constater à quel point est lisible, encore aujourd’hui, la trace de cette première extension. Encore faut-il savoir qu’elle a existé !

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Sam 23 Sep - 20:55

La seconde enceinte - XIIème siècle (suite)


On imagine qu’à l’endroit où commence l’extension, l’ancien rempart est peu à peu démoli pour ouvrir la ville, et que de nouvelles rues voient le jour à sa place et en bordure du Peugue qui coule à proximité.

Ces nouvelles rues ne disparaîtront que bien plus tard, pour la percée du cours Alsace et Lorraine.
Il s’agit des rues du Peugue, des Mottes, des Trois Canards, du Mu et de la Porte Vine, qui se succèdent en descendant vers le fleuve depuis la cathédrale, et en suivant les courbes de la rivière.

A la lecture du plan de cette extension on constate que le tracé de plusieurs rues d’axe nord-sud, sur tout ou partie de leur longueur, suit à peu près la parallèle de celui du cardo déjà existant (rue Sainte Catherine).
Pas forcément dans l’intention de perpétuer le modèle de la ville romaine (on ne voit pas de decumanus) mais probablement pour se raccorder aux rues intérieures de la ville ancienne et très certainement parce que des portes, poternes et portes basses ont été percées dans la muraille gallo-romaine au fil du temps et que des chemins devaient exister dans le prolongement extérieur de ces ouvertures.
En attestent, la rue de la Porte Basse prolongeant celle de Cheverus et la rue de la Porte Saint-Jean donnant dans la rue Ausone.

Dans l’axe est-ouest, nulle trace de reproduction de decumanus mais il faut se rappeler que la population s’est installée probablement de façon anarchique au pied de l’ancien rempart, avant que l’extension ne soit faite, et que l’on a dû s’accommoder ensuite de l’organisation aléatoire des circulations entre les habitations bâties là.

Evidemment, la nouvelle enceinte englobe des espaces encore inhabités et elle permet la naissance de nouveaux quartiers et l’essor de l’activité marchande.

Au milieu du siècle s’établit un marché, désigné Lou Mercat sur un plan de 1450, sur la place qui se nommera la Place du Marché aux veaux puis Place du Vieux Marché pour devenir la Place Fernand-Lafargue d’aujourd’hui.
Détail sinistre, sur cette place est installé un pilori.

Le quartier se bâtit autour de la place, pour accueillir les marchands, et l’on voit apparaître par exemple une rua Boqueira c’est-à-dire la rue Bouquière, indiquant la localisation naissante de la boucherie. Aujourd’hui, la dernière partie de la rue côté Victor Hugo est d’ailleurs nommée rue des Boucheries.
De même, est créé le quartier des Ayres, avec sa rue du même nom, Ayre pour area qui signifie « emplacement à bâtir ».

La rue Neuve, qui porte bien son nom, tout du moins pour l’époque.
Détail cocasse, c‘est dans l’Impasse rue Neuve donnant dans cette rue que se trouve la plus ancienne maison de Bordeaux (XIVe) !

Le nouveau quartier de la Rousselle qui a laissé le nom d’une rue.
S’y implantera le commerce des produits résineux venus des landes du Médoc et du sud, à proximité des chantiers de construction navale, lesquels étaient gros consommateurs de brais et de goudrons pour le calfatage des navires.

Le nouveau quartier des Salines dont le nom désigne les salinières et le commerce du sel.
Dans le rempart, à proximité du Fossé des Salinières (actuel cours Victor Hugo) s’ouvrait la porte des Salinières. Le quartier a également laissé son nom au quai sur lequel on déchargeait le sel arrivé par bateaux.

Ainsi commencent à s’organiser plusieurs quartiers commerçants ayant leur propre affectation qui marquera les lieux de cette empreinte et nous conservera son souvenir à travers le nom de nombreuses rues dont nous parlerons en détail.

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Sam 23 Sep - 20:55

La troisième et dernière enceinte - Année 1302


Cette fois, on voit plus grand.

Il faut dire que plusieurs paroisses proches de la ville se sont bien peuplées autour de leur église, pour constituer des faubourgs importants qui nécessitent d’être placés sous la protection du rempart.

Il est intéressant de constater à quel point les édifices religieux que sont les églises, les chapelles et les couvents, contribuent à fixer les populations et donc, à quel point la religion forme alors un vecteur de développement du tissu urbain.
Si bien des églises que nous connaissons ont été édifiées au cours des XIe, XIIe et XIIIe siècles, il ne faut pas omettre qu’elles ont généralement été bâties sur de précédents édifices beaucoup plus modestes dont certains avaient eux-mêmes pris la place de lieux de culte païens.
L’ancrage est donc en place depuis les temps immémoriaux.

Cependant, on assiste aussi à un phénomène inverse qui amène à bâtir une nouvelle église en un lieu dénué de tout édifice religieux ancien, parce que le besoin nait de la densité de population et que les paroisses déjà présentes ne suffisent plus au salut de toutes leurs âmes !

L’interdépendance entre religion et urbanisation constitue donc un élément important à prendre en compte pour la compréhension du développement de la ville.


C’est encore une fois le sud de la cité qui s’est le plus peuplé, avec les faubourgs de Saint-Michel et de Sainte-Croix vers le fleuve, celui de Saint-Julien (actuelle place de la Victoire) dans l’axe du cardo (l’un des deux chemins de Toulouse), et celui de Sainte-Eulalie à l’ouest, à vrai dire plutôt naissant et qui ressemble plus à la campagne qu’à un bourg mais qui sera englobé en vue d’y bâtir.

L’extrême sud-est du rempart s’arrête sur un ruisseau comme c’était le cas avec les enceintes précédentes. Ici on trouve l’Estey de l’Eau Bourde, dont le nom indique la teneur boueuse de ses eaux.

Il est à noter que le faubourg de Sainte-Croix n’est pas entièrement compris dans la nouvelle enceinte. Seule l’église et ses abords sont intégrés et ce faubourg, tout comme celui de Paludate, est laissé en dehors des murs.

Toute la partie ouest de l’enceinte demeure quant à elle très proche des limites de l’an 300. On créé juste les rues des Remparts et de la Vieille Tour.

A l’est, on repousse le rempart vers les rives du fleuve, incluant ainsi une large bande longeant la Garonne au pied des première et seconde enceinte, qui était restée hors les murs.
Se retrouvent donc englobés des rues telles que celle des Argentiers, du Chai des Farines et Ausone, ainsi que le quartier devant l’Ombrière.

Enfin, au nord, un agrandissement notoire englobant les faubourgs de Campaure (cours de l’Intendance + sa partie nord) et de Tropeyte (chapeau rouge + sa partie nord).
A cette occasion, de lourds travaux d’assainissement seront entrepris entre la place de la Comédie et le fleuve, pour assécher les marais réapparus naturellement depuis l’arrêt de leur entretien.
Cet espace constitue donc également une « réserve » à bâtir.

Dans le fossé du mur nord coule l’Estey d’Audeyola dont les eaux viennent des Jalles de Blanquefort.
Une porte de la ville prendra ce nom.

Ce sont d’ailleurs plusieurs nouvelles portes qui sont ouvertes dans le mur, alors que d’autres, déjà existantes sont parfois déplacées comme celle de Dijeaux, et que d’autres encore demeureront longtemps dans leur ancienne enceinte restant à l’intérieur de la nouvelle, mais ne feront plus office de portes d’entrée dans la ville.

A propos des portes d’enceinte, il faut savoir qu’elles permettaient de percevoir le « droit d’octroi » qui n’était autre qu’un péage pour entrer dans la ville.

Pour ce qui concerne les voies, la seule parallèle rectiligne du cardo qui sera prolongée est la rue du Mirail, le reste du tissu urbain ayant désormais totalement abandonné le modèle romain pour laisser place à l’hétérogénéité des ex faubourgs.

Au sein de cette enceinte qui sera toutefois modifiée à trois endroits pour la construction de trois Forts au milieu du XVe siècle, la ville a désormais la place de s’étendre, ce qu’elle ne va pas manquer de faire, et elle se contiendra très bien ainsi jusqu’à la nomination du Marquis de Tourny comme Intendant de Bordeaux en 1743.
Les Bordelais auront même grande réticence à se défaire de leurs remparts.

Ce sera l’objet du prochain chapitre.
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Sam 23 Sep - 20:58

Les trois Forts



Avant d’en venir au XVIIIe siècle et aux transformations prodigieuses que Tourny imprimera à une grande partie de la ville, un aparté sur les trois forts qui vont être édifiés autour de Bordeaux et dont l’un, le château Trompette, aura grande influence sur l’urbanisation.

On le sait, Bordeaux fut anglaise durant trois siècles.
Tout commence en 1152 avec le mariage de la Duchesse Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenêt qui va, alors qu’il n’y était pas destiné, devenir Roi d’Angleterre.
Et tout s’achève avec la bataille de Castillon en 1453, défaite cuisante des anglais qui vont laisser leurs territoires dont l’Aquitaine à la France.
Les Bordelais se sont très naturellement fondus dans le Royaume d'Angleterre, d’autant que celui de France était minuscule par rapport à l’Aquitaine.

Après la bataille de Castillon, le Roi de France Charles VII se méfie de la fidélité de l’Aquitaine et de celle de Bordeaux en particulier et peu de temps après, ordonne que soient élevés trois forts, non seulement afin de parer à une agression anglaise mais aussi pour tenir sous le feu potentiel de leurs canons, cette population suspecte.

Seront bâtis, le château du Far (Hâ en Gascon), le Fort-Louis et le château Trompette qui est le plus important et représente l’autorité royale à Bordeaux.
Les Bordelais seront punis de leur ralliement de trois siècles aux anglais et devront assumer les coûts de construction.

Toujours pour des raisons militaires ces trois forts seront remaniés, cette fois, sur ordre de Louis XIV.

On connaît l’emplacement du Fort du Hâ puisqu’une tour nous est restée, ainsi qu’une rue y menant.
Mais que signifie ce nom ?
En Gascon on remplace souvent le F par un H.
La porte du Far, qui existait bien avant le fort, s’ouvrait dans le rempart de la seconde enceinte. C’est notamment par cette porte qu’accédaient les paysans des bourgs et faubourgs avoisinants pour fournir le marché de la ville et comme pour ce faire ils devaient traverser nuitamment de mauvais marais, la porte était surmontée d’un fanal destiné à éclairer les lieux.
Fanal qu’on appelait far et qui se gasconnisa en har puis en hâ.

Clin d’œil de l’Histoire : le château du Hâ servit de prison sous la révolution… donc, à côté du palais de justice d’aujourd’hui !


Le Fort-Louis se situait au sud de la ville, ses restes se trouvent sous la place André Meunier.
Au début du XIXe siècle, sa démolition permit de libérer des terrains pour y installer les abattoirs de la ville, en lien avec la place du marché aux bœufs (Capucins).
C’est lorsqu’un nouveau transfert des abattoirs se fit vers le quai de Paludate, que le lieu libéré devint un square.


Enfin, le château Trompette sera rebâti à neuf et considérablement agrandi par Louis XIV qui fit même raser deux couvents et 300 maisons du cours du Chapeau Rouge afin de pouvoir pointer ses canons sur la ville séditieuse.
Outre ces maisons-là, d’autres furent démolies pour l’édification et toute nouvelle construction dans le secteur, lorsqu’elle était autorisée, vit sa hauteur strictement réglementée pour ne pas masquer le contrôle exercé par le fort.
Enfin, l’édification de cette nouvelle forteresse condamna ce qu’il restait des Piliers de Tutelle, et il restait beaucoup !

Ce Château Trompette, construction très "Vaubanienne" c’est-à-dire extrêmement massive et austère, se tenait, entouré de ses fossés, sur l’emplacement des Quinconces, et son emprise allait jusqu’à la rue Esprit des Lois d’un côté, le cours Xavier Arnozan (qui a conservé le tracé des fossés) de l’autre, et couvrait les Allées de Tourny jusqu’à la place du même nom ainsi que le cours de Verdun.

Un monstre militaire au cœur de la ville d’aujourd’hui !

Il sera vendu par Louis XVI en 1787 et définitivement détruit en 1818 pour laisser sur une partie de son emprise, la place des Quinconces.
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Sam 23 Sep - 20:59

XVIIIème siècle


Durant les XVIe et XVIIe siècles la ville ne va guère changer. En dehors des forts dont nous avons parlé, le seul fait notoire que l’on puisse relever est que beaucoup de maisons médiévales sont remplacées.

Evidemment, le commerce s’est grandement développé et les Bordelais s’y sont tellement consacrés qu’ils ne se sont pas préoccupés de faire évoluer ou d’embellir leur ville qui demeure lovée dans son enceinte.
Tout juste ont-ils consenti à la création de la place de la Bourse débutée en 1730 sous l’intendance de Claude Boucher, en exigeant toutefois que soit rebâti un mur à l’arrière et qu’y soient aménagées des grilles dotées de guichets d’entrée.

Et voici qu’en 1743, à 48 ans, Louis-Urbain Aubert, marquis de Tourny, est nommé intendant de Guyenne (et le restera durant 15 ans).
Son second prénom présidait-il à sa destinée ?

Peu de temps après son arrivée, il dépeint Bordeaux comme « un composé de vilaines maisons sans symétrie ni commodités, entre lesquelles passent des rues très étroites et nullement alignées ».
Certaines rues importantes de la ville sont décrites comme une succession de voies de largeur variable, décrochées les unes par rapport aux autres.
Tourny veut plus de symétrie et d’ordre dans son « petit Versailles ».
Il entend également faire tomber le mur d’enceinte et élargir les voies pour faciliter la circulation.

Mais, ces résolutions ne font qu’attiser la colère des habitants et des édiles.
D’abord, comme on l’a dit, les portes de l’enceinte permettent de prélever les péages, d’autre part, les communautés de métiers redoutent une concurrence déloyale des artisans des faubourgs et enfin, tous sont réticents à financer de lourds travaux.

Face à cette opposition farouche, Tourny renoncera à toucher à l’intérieur de la ville et se concentrera sur sa ceinture.
Toutefois, à force d’insistance, il obtiendra l’accord des Jurats et du Parlement de Bordeaux pour démolir le rempart à plusieurs endroits ainsi que certaines portes considérées comme trop étroites pour permettre un bon accès dans la cité.
De même, il convaincra la municipalité de faire raser des maisons de bois dont il est vrai que la solidité est précaire.

Là où les remparts sont démolis il utilise l’espace libéré pour ceinturer la ville de promenades plantées d’arbres, ponctuées de places ornées d’arcs de triomphe qui n’ont donc plus du tout la fonction de portes d’entrée : la place Gambetta avec la porte Dijeaux, la place de la Victoire avec la porte d’Aquitaine, la place Bir Hakeim et sa porte de Bourgogne.

Sous son impulsion seront également créés, entre autres, les allées d’Albret qui prennent la place d’un ancien chemin tortueux, celles de Tourny ainsi que la place du même nom, le Jardin Public dont la vocation est de relier les faubourgs de Saint-Seurin et des Chartrons à la ville, le cours Xavier Arnozan, la place de la Comédie et le Grand Théâtre.

On bâtira nombre d’immeubles autour des places et le long des allées, ainsi que sur les cours de l’Intendance et du Chapeau Rouge et de leurs quartiers attenants.

Et c’est à l’intendant Tourny que nous devons la façade du port qui fait la renommée de Bordeaux et pour laquelle il ira même jusqu’à investir de ses propres deniers.
Elle est constituée de plus de 300 maisons toutes construites sur le même plan et achevées dans le temps record de 3 ans.

Les travaux initiés par cet intendant se poursuivront bien après son départ de Bordeaux mais c’est bien lui qui a donné son visage et ses formes à la cité hors ses murs, et qui a su s’entourer d’architectes de talent pour nous laisser autant de superbes monuments que d’immeubles et de maisons de ce siècle.

Mais quel chantier cela a dû être !

Il est dit que le Baron Haussmann s’est inspiré de Tourny pour remanier Paris mais en fait je vois une grande différence entre les deux réalisations, outre l’étendue sur laquelle elles ont été appliquées.
En effet, on peut affirmer qu’Haussmann a littéralement éventré Paris, sans concession et parfois de façon peu cohérente. Alors que la ville de Bordeaux fut conservée et qu’en ses anciens murs on ne fit, au cours des décennies suivantes, que rebâtir avec l’évolution naturelle de l’habitat et réaligner quelques rues en les élargissant parfois.
Si l’on doit le magnifique tissu urbain enrobant le centre historique de la ville à Tourny, n’oublions pas que la préservation de l’ « intra-muros » est bien le fait de la ténacité des Bordelais qui n’ont jamais accepté de défigurer leur cité.
Et c’est bien cela qui donne tout son sens et tout son attrait à l’ensemble de la ville de Bordeaux.

Pour conclure à propos du Marquis de Tourny, deux détails intéressants :
C’est lui qui ordonna que soit inscrit le nom des rues à chaque intersection, nom qui fut d’abord gravé dans la pierre.
Il interdit aux propriétaires des hôtels particuliers et maisons de faire inscrire leur nom sur la façade de ces constructions. Un homme ambitieux pour son « petit Versailles » mais modeste pour ses habitants.
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Sam 23 Sep - 20:59

Voilà, nous avons donc un aperçu de l'évolution de Bordeaux entre la fin du troisième siècle et la Révolution.
Comme le sujet choisi porte sur l'histoire des rues et l'origine de leur nom nous n'irons guère plus loin dans le temps, sauf pour faire quelques incursions, de façon occasionnelle, disons, pour achever l'histoire de lieux emblématiques qui seront visités.

Mais la trame historique est désormais tissée pour donner sens à la description des quartiers qui va suivre.

Nous allons maintenant entrer dans la ville et y marcher lentement à travers le temps, en nous arrêtant devant une église disparue, au bord du Peugue, devant l'atelier d'un artisan ou dans une auberge.

Et je prends le pari qu'après cela nous ne pourrons plus regarder le centre de Bordeaux comme avant ni le traverser sans qu'au moins une anecdote ne nous revienne à l'esprit.

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Sam 23 Sep - 21:01
Parler du Moyen-Âge ne signifie pas grand chose puisque cette période de l’Histoire en occident s’étend de la fin du Ve siècle au début du XVe soit sur environ mille ans.
Pour évoquer ici l’Histoire des quartiers à partir des éléments rassemblés on commencera à peu près au XIIe ou XIIIe siècle pour nous arrêter au plus tard au début du XIXe mais l’essentiel de la description se situera plutôt entre les XIVe et XVIIIe siècles.

Jusqu’au début du XVIe siècle énormément de maisons sont bâties de bois et de torchis.
Seules les grandes familles peuvent faire construire en pierre leur oustau, terme gascon désignant une grande maison ou un hôtel particulier.
Détail amusant, certains oustaus englobent les tours des anciens remparts. C’est toujours ça de pris !

On ne commencera à paver certaines rues de Bordeaux qu’au XIVe siècle et il semble que ce ne soit pas aux frais de la municipalité comme en atteste cette publication de 1336 traduite de la langue Gasconne :
Nous défendons de la part des Maire et Jurats, que personne ne soit assez hardi pour paver ou faire paver une rue jusqu’à ce qu’il ait obtenu la permission des Maire et Jurats de cette Ville, qui feront prendre le niveau par des personnes commises à cet effet, ensorte qu’aucun voisin de cette rue n’en souffre aucun préjudice, et que les eaux et les égouts ne puissent perdre leur cours accoutumé, sous peine de payer trois livres cinq sols d’amende et de rester en prison à la discrétion des Maire et Jurats.

Ceci n’est pas l’unique indication de la non prise en charge par le Royaume ou les autorités locales des évolutions urbaines.
En témoignent par exemple un texte de 1416 dans lequel on peut lire que « chaque habitant est obligé de faire sentinelle aux Tours et Portes de la ville » ou encore un autre document de 1673 faisant état de l’obligation faite aux habitants de « nettoyer le devant de leur maison ».
Mais, qu’on ne se leurre pas, les impôts et multiples taxes existaient bel et bien !

On ignore quand exactement le nom des rues est officialisé mais il apparaît déjà dans des registres médiévaux du XIVe siècle. Certains pensent que les rues les plus anciennes qui aient pris un nom l’ont fait dès le milieu du XIIe siècle.

On lit dans d’anciens textes les mots carreyra et rua désignant les rues.

Il y a quatre catégories de noms de rues :
- les noms religieux,
- les noms de familles importantes (rue du Mulet, rue de Mérignac, rue Métivier, Albret, Gassies) ou d’habitants notoires,
- les désignations de métiers ou corporations,
- les dénominations caractérisant un endroit ou rappelant une indication, un repère (enseigne, caractéristiques des habitants, puits, localisation par rapport aux murs d’enceinte ou aux portes).


* A noter que l’on trouve encore un certain nombre de rues pavées dans Bordeaux et qu’un détail permet de reconnaître celles dont les pavés n’ont pas été restaurés, ceux-ci restant bombés sur le dessus. Lorsque les pavés sont plats (décalottage) c’est qu’ils ont été sciés.
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Sam 23 Sep - 21:01

Pour mieux nous imprégner de l’atmosphère des rues que nous allons parcourir, décrivons la cité à l’époque qui nous intéresse.

Très vite après l’édification de la première enceinte, les marais de Bordeaux, péniblement asséchés au prix d’un travail de romain (!) ne sont plus drainés et reprennent le dessus, les canalisations amenant l’eau tombent en désuétude, les bains publics, même s’ils n’étaient pas forcément accessibles à tous, disparaissent, la croyance étant que la saleté offre une protection contre les maladies, etc, etc… On assiste à un phénoménal retour en arrière.

En ce qui concerne la rue en elle-même, les romains avaient instauré une technique intelligente qui consistait à lui donner un profil bombé pour permettre l’évacuation des eaux sur ses bords, méthode simple pourtant non conservée. Désormais, les rues présentent un profil en V, les liquides divers s’écoulant par ce qui pourrait s’apparenter à un caniveau central, ou stagnant dans des fondrières.

Bien sûr, ce sont les quartiers populaires qui sont les plus touchés par le laxisme de la municipalité en matière d’entretien et d’aménagement.
Encore au XVe siècle, « faire ses aysements » à domicile ou bien posséder son propre puits sont des facilités que seuls les plus riches peuvent s’offrir. De même, ce sont les quartiers riches qui bénéficient des réseaux d’égouts les plus complets, ce qui ne signifie pas qu’ils soient pour autant autrement que sommaires.

En revanche, dans les secteurs populeux, chacun satisfait ses besoins dans le caniveau central des rues, dans les cours, devant les façades des maisons (plutôt chez le voisin…), dans les rivières, ruisseaux et fossés ou encore dans les impasses et ruettes peu fréquentées.

Les rues, étroites et sombres, bordées de maisons collées les unes aux autres, sont donc les réceptacles d’excréments animaux et humains, d’eaux sales - « pots à pisse » compris - et d’ordures ménagères jetées par les fenêtres, de viscères et de sang dispersés par les bouchers, tripiers et poissonniers.
Car on abat les animaux de boucherie sur place et on se débarrasse des peaux et des tripes sanguinolentes à même la rue.
Tout ceci se déverse évidemment dans les ruisseaux auxquels s’ajoutent les résidus issus de l’activité des tanneurs, teinturiers et ciriers (fabricants de chandelles) qui y jettent leurs graisses animales constituant le matériau des chandelles que les moins aisés peuvent s’offrir.

Bien sûr, ces accumulations, outre le fait qu’elles dégagent des odeurs insoutenables, favorisent le développement de vers, souris, moustiques, puces, poux et rats qui sont autant de vecteurs de maladies infectieuses dont la peste.

Malgré l’interdiction qui sera faite par la ville de jeter les immondices dans la rue (des endroits précis seront alors affectés au dépôt des ordures), les habitudes continuent et des « bourriers » se forment dans les impasses et ruettes, à tel point que certaines d’entre elles finiront par être fermées.

Ca va ? Personne ne s’est encore évanoui ?

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Sam 23 Sep - 21:04

Avant que les techniques de construction n’évoluent on trouve essentiellement des maisons à encorbellement.
Ce mot renvoie aux étages posés les uns sur les autres, chacun dépassant de celui se trouvant en-dessous, les parties débordant sur la rue étant soutenues par des corbeaux (corbel en vieux français).

L’encorbellement permet de protéger un tant soit peu les murs de la pluie qui dégrade leurs matériaux (torchis et colombages). Mais cette technique assure avant tout davantage d’assise à la bâtisse construite en hauteur. D’ailleurs, chaque niveau est plus léger que le précédent.

Plus le nombre d’étages est élevé et plus les maisons des deux côtés de la rue de rapprochent, ce qui amène également une réduction de l’exposition de la rue elle-même aux intempéries.
Mais apporte une obscurité permanente.

A l’étage des maisons sont les logements, tandis que le rez-de-chaussée est souvent occupé par les boutiques ou les ateliers.

Illustration de l'encorbellement :

Histoire des rues de Bordeaux Sans-t10



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Dim 24 Sep - 20:27

Quelques exemples de maisons


2 rue Pilet, l'une des plus anciennes de Bordeaux

Histoire des rues de Bordeaux 2_rue_10


33 rue Arnaud Miqueu, esquisse datant de 1896, détruite

Histoire des rues de Bordeaux 33_miq10


Maison de 1663 rue Maubec, esquisse datant de 1891, détruite

Histoire des rues de Bordeaux Maubec10


Rue Saint-James, esquisse datant de 1900, détruite

Histoire des rues de Bordeaux St_jam10




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Dim 24 Sep - 20:29

Impasse rue Neuve, la plus ancienne de Bordeaux, cette fois en pierre. XIVème siècle.

Histoire des rues de Bordeaux Plus_v10


Histoire des rues de Bordeaux Plus_v11


Histoire des rues de Bordeaux Plus_v12

Un petit effort pour supprimer la laideur qui se trouve derrière ces superbes fenêtres ?
.

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Dim 24 Sep - 20:30

Une des plus anciennes aussi, à l'angle des rues Arnaud Miqueu et du Loup. L'enseigne n'est pas d'époque !

Histoire des rues de Bordeaux Miqueu10
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Dim 24 Sep - 20:31

Pas d'image d'une autre qui se trouve à l'angle de la place Camille Julian et de la rue du Serpolet.
Quand je pense que je suis passée des tas de fois non loin de ces endroits, sans lever le nez... Pfff...
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Dim 24 Sep - 20:32

Pour terminer, 47 rue des Bahutiers. Plus tardive.

Histoire des rues de Bordeaux 47_rue10
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Dim 24 Sep - 20:33

Les rues sont souvent spécialisées par corps de métiers et comme la plupart des gens ne savent pas lire, les commerçants indiquent leur activité au moyen de lourdes enseignes qu’ils font pendre au-dessus de leur boutique.

Les ateliers des artisans et les étals des boutiquiers débordent sur la rue déjà encombrée par les charrettes, porcs et volailles qui circulent en liberté, les chiens errants, chevaux, bœufs, marchands ambulants, enfants, pèlerins, infirmes, moines, voleurs à la tire et autres mendiants implorant les passants.
Les porcs sont utilisés en tant qu’éboueurs des rues mais ne suffisent pas à faire disparaître les détritus.
Des attroupements de badauds se forment autour de jongleurs, musiciens qui récitent notamment des chansons de geste.

Dans cette cohue et cette saleté mieux vaut circuler à cheval mais comme c’est loin d’être dans les moyens du commun des mortels, ceux-ci prennent soin de raser les murs pour éviter de se faire renverser ou bousculer et surtout pour s’éloigner du plus gros des amas fétides et autres déversements intempestifs.

Dès le lever du jour, l'étuveur invite la population qui en a les moyens à prendre un bain chaud dans son établissement.
Les boutiques s'ouvrent alors : drapiers, barbiers interpellent les clients depuis le pas des portes, le pâtissier vante ses gâteaux, ses saucissons et son pâté.
Le pain est vendu par des marchands ambulants, qui le portent dans de grands paniers en osier et l’on croise également les porteurs d’eau.

Mais lorsque la nuit tombe, les rues sont plongées dans l'obscurité et abandonnées aux brigands.

Pour résumer c’est la cour des miracles !

Cependant, des progrès vont petit à petit avoir lieu, ne serait-ce que parce que la situation n’est plus tenable et que l’on commence à faire la relation entre la saleté et les maladies.

Certaines rues vont commencer à être pavées, on va interdire la divagation des porcs et désigner des dépôts d’ordures en interdisant de jeter celles-ci dans la rue, des latrines vont être peu à peu installées dans les cours ou sur les ponts, d’autres, collectives, seront mises à la disposition des citadins.
Le réseau d’égouts est amélioré et entretenu, les puits communs seront complétés par des fontaines publiques dans lesquelles on lave toutefois le linge, et le nombre de celles-ci est régulièrement augmenté au fil de l’accroissement de la population. Cela dit, les points haut de la ville étant peu nombreux, l’eau des fontaines est fréquemment mêlée à celle de la Garonne remontant à l’intérieur de la ville lors des marées.

Des progrès ont également lieu dans la construction. Du fait du poids des murs les fenêtres étaient très petites afin d’éviter au maximum que le bois de leur encadrement ne joue, nécessitant leur remplacement fréquent. Les techniques permettent désormais de les agrandir mais elles restent toutefois garnies de parchemin huilé, le verre coûtant très cher.
Plus claires, plus élevées sous plafond, les maisons deviennent plus saines.

Les vêtements en fil ou en coton apparaissent, plus faciles à laver que les lourdes robes de laine, ce qui améliore l'hygiène corporelle.

Seulement deux illustrations de la rue, un peu réalistes, ont été trouvées, les représentations de l’époque offrant des images proprettes et ordonnées…

Histoire des rues de Bordeaux Rue_au10

Histoire des rues de Bordeaux Rue_mo10
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Dim 24 Sep - 20:36

Pour se faire une idée de l'épaisseur des remparts on peut se rendre rue Peyronnet ou rue des Douves, sans toutefois s'attendre à une grande découverte car les vestiges sont plus que restreints.
Dans les deux cas il s'agit du mur de la troisième enceinte.

Il paraît qu'il existe aussi un morceau de mur de la seconde enceinte, visible dans l'impasse de la Fontaine Bouquière mais apparemment celle-ci n'est pas accessible car fermée par une grille. Ce qui m'énerve !!


Rue Peyronnet

Histoire des rues de Bordeaux Vestig10


26-28 rue des Douves

Histoire des rues de Bordeaux 26-28_10


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Dim 24 Sep - 20:39

A l’ouest de la rue Sainte Catherine, périmètre de la première enceinte - 1/3


On exclut ici la Place Saint Projet que l’on trouvera décrite avec la rue Sainte Catherine.

Histoire des rues de Bordeaux 110


Nous nous trouvons dans des quartiers assez calmes, religieux et résidentiels, un peu à l’écart de l’agitation bouillonnante et plutôt rythmés par les cloches sonnant les messes.
Ici on grenouille de bénitier et le soir on souffle tôt la chandelle de cire qui coûte cher.
Dès l’origine et durant longtemps, c’est dans la paroisse du Puy-Paulin que l’on trouvera les plus nobles demeures.

La trame urbaine est ponctuée par un bon nombre de chapelles, églises et couvents dont tous ont disparu hormis Saint-André.

On citera la chapelle de Notre Dame du Temple bâtie en 1180 sur un temple romain dédié à Jupiter, qui donnera son nom à la rue du Temple que nous connaissons aujourd’hui.
Adossée au mur d’enceinte du IVe siècle la chapelle englobait l’une des tours du rempart, savamment récupérée au bénéfice du patrimoine religieux de son ordre. Héhéhé !
Le XIXe siècle fera disparaître cette chapelle.

Notre Dame du Puy Paulin (les Saint Paulin étaient une puissante famille qui avait fait bâtir un château sur la place actuelle). L’église sera fermée au culte et remaniée au XVIIIe siècle pour devenir l’hôtel de l’Intendance, c’est-à-dire le logement de l’intendant de Bordeaux.
Ah les salopards de politiques !

L’église de Saint Christoly, érigée au XIIIe siècle, elle aussi désaffectée à la révolution et démolie à la fin du XIXe.
Clin d’œil de l’Histoire, c’est en construisant le centre commercial St Christoly que l’on retrouva sous l’emplacement de l’église les traces d’un sanctuaire dédié à Mercure.
Savoir qu’outre celui du voyage, Mercure est le dieu du commerce, ne manque pas de sel lorsqu’on rapproche cela du nouveau temple du commerce posé sur ce sanctuaire !

Pey Berland (Pey signifie Pierre en gascon) était archevêque de Bordeaux de 1430 à 1458 et nous n’allons pas nous attarder sur Saint-André puisque Wikipédia est là pour les curieux.
Sauf pour indiquer que l’église existait déjà au IIIe siècle et que la cathédrale gothique que l’on connaît commença à être construite au XIIe siècle.
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Dim 24 Sep - 20:41

A l’ouest de la rue Sainte Catherine, périmètre de la première enceinte - 2/3


Les principales rues parallèles au cardo

On connaît l’origine du nom de la rue des Remparts qui s’est aussi nommée rue Entre-Deux-Murs lorsqu’elle fut créée lors de la dernière extension de la ville.
Elle s’appela également Remparts des Teigneux, en référence à un hôpital situé non loin et hors les murs.
Cette rue a très longtemps servi au déversement des « bourriers » dont des contemporains affirmèrent qu’ils étaient entassés sur une hauteur supérieure à celle du rempart.

La rue de Ruat se nommait Saint-Paul puisque s’y trouvait une église éponyme.

Vital Carles était un chanoine qui contribua en 1390 à la construction d’un hôpital pour pèlerins.

La rue de Grassi s’est appelée rue Porta Neda (Porte Neuve) en 1310, ce qui indique qu’une porte a été ouverte dans le mur à cet endroit.
Puis, elle prit le nom de rue des Carmélites dans sa première partie et de rue des Treilles dans la seconde, en raison de la présence du couvent des Carmélites d’un côté et du couvent des Carmes Déchaussés de l’autre, ce dernier comportant des vignes.
L’Histoire ne dit pas s’il existait un lien entre le fait que les Carmes se soient déchaussés et le foulage du raisin !
Ce couvent apparaît toujours sur un plan de la ville sous Louis XVI. Des vignes en plein centre de Bordeaux au XVIIIe siècle, comme c’est amusant ! Les promoteurs ne s’étaient-ils pas encore rués sur le quartier ?

La rue de Cheverus tient son nom d’un archevêque de Bordeaux qui y est décédé.
Elle se nommait rue Judaïque et devint la rue Judaïque-en-Ville lorsque celle que l’on connaît fut baptisée. Là étaient établis les juifs.

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